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blessés est considérable. Et ce ne serait rien ! Mais on craint la perte de plusieurs sources.

Il pencha la tête avec une calme amertume :

— Non seulement la récolte est perdue, mais beaucoup de provisions ont disparu. Toutefois, s’il n’y a pas d’autre secousse, avec l’aide des Hautes-Sources et de la Dévastation, nous pourrons vivre pendant quelques années… La race cessera provisoirement de se reproduire et peut-être n’aurons-nous à sacrifier personne.

Un moment encore, les escadrilles volèrent de conserve, puis le pilote au visage bistre changea la direction : ceux des Terres-Rouges s’éloignèrent.

Ils passèrent parmi les pics redoutables, au-dessus des gouffres, et le long d’une pente qui eût, jadis, été couverte de pâturages : maintenant, les ferromagnétaux y multipliaient leur descendance.

— Ce qui prouve, songea Targ, que ce versant est riche en ruines humaines.

De nouveau, ils planèrent sur les vallées et les collines ; vers les deux tiers du jour, ils se trouvaient à trois cent kilomètres des Terres-Rouges.

— Encore une heure ! s’écria Manô.

Targ fouilla l’espace avec son télescope ; il aperçut, indécises encore, l’oasis et la zone écarlate à qui elle avait emprunté son nom. L’esprit d’aventure, engourdi après la rencontre des grands planeurs, se réveilla dans le cœur du jeune homme ; il accéléra la vitesse de sa machine et devança Manô.