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CONTES. — DEUXIÈME SÉRIE

Plusieurs semaines s’écoulèrent. Vallery était retourné au pays de France ; Gredel menait une vie monotone dans les chambres, sur les pelouses et dans le parc d’Altenburg ou sur les routes du pays. Tous les jours elle était accompagnée. La nuit, la demeure était hermétiquement close, à l’aide de systèmes perfectionnés, munis de sonneries électriques, que Hans avait fait appliquer par une maison de Colmar, experte en fermetures. Les fenêtres de la petite avaient été grillagées, car, au dedans comme au dehors, on menait bonne garde. Si quelque étranger s’était risqué pendant la nuit aux abords du domaine, on l’eût infailliblement signalé et cerné. Si le même étranger avait tenté quelque manœuvre pendant le jour, il n’aurait pu faire cent pas sans être découvert… Quant à Gredel, il lui aurait fallu accomplir des miracles pour franchir les divers cercles de son enfer. Elle le savait et n’y songeait même point ; elle attendait, avec cette confiance obscure qu’ont les jeunes êtres. Hans attendait aussi, sachant qu’à la longue tout s’use et que, après quelques mois, Gredel et Jean seraient résignés à leur sort et prêts à disposer autrement de leurs cœurs et de leurs destins.