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LA MORT DE LA TERRE

un piéton aurait pu y marcher une journée entière sans presque ressentir d’influence nocive ; mais il n’aurait pas été prudent de faire des haltes trop longues ni surtout de s’y endormir : bien des malades y avaient perdu comme Elma tous leurs globules rouges et y étaient morts d’anémie.

Les Neuf ne couraient aucun péril : chacun dirigeait un planeur léger qui, du reste, eût pu emporter quatre hommes. Alors même qu’un accident surviendrait aux deux tiers des appareils, l’expédition ne serait pas compromise.

Doués d’une élasticité presque parfaite, les planeurs étaient construits pour résister aux chocs les plus rudes et pour braver l’ouragan.

Manô avait pris la tête. Targ et Aria sillaient presque de conserve. L’agitation du jeune homme ne cessait de s’accroître. Et l’histoire des grandes catastrophes, fidèlement transmise de génération en génération hantait sa mémoire.

Depuis cinq cents siècles, les hommes n’occupaient plus, sur la planète, que des îlots dérisoires. L’ombre de la déchéance avait de loin précédé les catastrophes. À des époques fort anciennes, aux premiers siècles de l’ère radio-active, on signale déjà la décroissance des eaux : maints savants prédisent que l’Humanité périra par la sécheresse. Mais quel effet ces prédictions pouvaient-elles produire sur des peuples qui voyaient des glaciers couvrir leurs montagnes, des rivières sans