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LA MORT DE LA TERRE

Personne n’en doutait. Les Terres-Rouges possédaient dix planétaires de grande communication, dirigeables en tous sens. Pour que les dix se tussent, il fallait qu’ils fussent tous déracinés ou que la consternation des habitants fût extraordinaire.

Targ, orientant le transmetteur, darda un appel prolongé. Aucune réponse. Une lourde horreur pesa sur les âmes. Ce n’était pas le trouble ardent des hommes de jadis, c’était une détresse lente, lasse, dissolvante. Des liens étroits unissaient les Hautes-Sources et les Terres-Rouges. Depuis cinq mille ans, les deux oasis entretenaient des relations continues, soit par les résonnateurs, soit par des visites fréquentes, en planeurs ou en motrices. Trente relais, munis de planétaires, jalonnaient la voie longue de dix-sept cents kilomètres, qui reliait les deux peuplades.

— Il faut attendre ! clama Targ, penché sur la plate-forme. Si l’affolement empêche nos amis de répondre, ils ne sauraient tarder à reprendre leur sang-froid.

Mais personne ne croyait que les hommes des Terres-Rouges fussent capables d’un tel affolement ; leur race était moins émotive encore que celle des Hautes-Sources : capable de tristesse, elle ne l’était guère d’épouvante.

Targ, lisant l’incrédulité sur tous les visages, reprit :

— Si leurs appareils sont détruits, avant un