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LA MORT DE LA TERRE

cheveux noirs, apparut livide, encore que parsemé de points écarlates.

— Elle est morte ! déclara Manô… Les Autres ont bu sa vie !

— Pauvre petite Elma ! s’écria Targ.

Il la considérait avec pitié et, si passive qu’elle fût, la foule grondait de haine contre les ferromagnétaux.

Mais les résonnateurs, clamant des phrases éclatantes, détournèrent l’attention.

« Les sismographes décèlent une secousse brusque dans la zone des Terres-Rouges… »

— Ah ! Ah ! cria la voix plaintive de l’homme trapu.

Aucun écho ne lui répondit. Les visages étaient dirigés vers le Grand Planétaire. La multitude attendait, dans une frissonnante impatience.

— Rien ! s’exclama Manô après deux minutes d’attente… Si les Terres-Rouges avaient été atteintes, nous le saurions déjà…

Un appel strident lui coupa la parole. Et la conque du Grand Planétaire clama :

« Immense secousse… L’oasis entière se soulève… Catas… »

Puis, des sons confus, un entre-choquement sourd…, le silence…

Tous, hypnotisés, attendirent pendant plus d’une minute. Ensuite, la foule eut une rude respiration ; les moins émotifs s’agitèrent.

— C’est un grand désastre ! annonça le vieux Dane.