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LA MORT DE LA TERRE

de l’inconnu : c’est une affreuse sottise de s’enquérir d’un péril inévitable !

— Non, Hélé, répondit le quadragénaire ; ce n’est pas de la sottise, c’est de la vie. Tant que les hommes auront la force de s’inquiéter, leurs jours auront encore quelque douceur. Après, ils seront morts dès l’heure de leur naissance.

— Qu’il en soit ainsi ! ricana le petit-fils de Dane. Nos joies misérables et nos débiles tristesses valent moins que la mort.

Le quadragénaire secoua la tête. Comme Targ et sa sœur, il avait encore de l’avenir dans son âme et de la force dans sa large poitrine. Son regard clair rencontrant les yeux frais d’Arva, une fine émotion accéléra son souffle.

Cependant, d’autres groupes se rassemblaient aux divers secteurs de la périphérie. Grâce aux ondifères, disposés de mille en mille mètres, ces groupes communiquaient librement.

On pouvait entendre, à volonté, les rumeurs d’un district ou même de toute la population. Cette communion condensait l’âme des foules et agissait comme un stimulant énergique. Et il y eut une manière d’exaltation lorsqu’un message de l’oasis des Terres-Rouges vibra dans la conque du Grand Planétaire et se répercuta d’ondifère en ondifère. Il apprenait que, là-bas non seulement les oiseaux, mais les sismographes annonçaient des troubles souterrains. Cette confirmation du péril resserra les groupes.