Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.
6
LA MORT DE LA TERRE

et que prévoyaient les oiseaux. Si ceux-ci avaient disparu, dernier vestige de la vie animale, une plus amère désolation se serait abattue sur les âmes.

— Le péril n’est pas immédiat ! murmura Targ.

Une rumeur parcourait l’oasis ; des hommes jaillissaient aux abords des villages et des emblavures. Un individu trapu, dont le crâne massif semblait directement posé sur le torse, apparut au pied du Grand Planétaire. Il ouvrait des yeux dessillés et pauvres, dans un visage couleur d’iode ; ses mains, plates et rectangulaires, oscillaient au bout des bras courts.

— Nous verrons la fin du monde ! grogna-t-il… Nous serons la dernière génération des hommes.

Derrière lui, on entendit un rire caverneux. Dane, le centenaire, se montra avec son arrière-petit-fils et une femme aux yeux longs, aux cheveux de bronze. Elle marchait aussi légèrement que les oiseaux.

— Non, nous ne la verrons pas, affirma-t-elle. La mort des hommes sera lente… L’eau décroîtra jusqu’à ce qu’il n’y ait plus que quelques familles autour d’un puits. Et ce sera plus terrible.

— Nous verrons la fin du monde ! s’obstina l’homme trapu.

— Tant mieux ! fit l’arrière-petit-fils de Dane. Que la terre boive, aujourd’hui même, les dernières sources !

Sa face sinueuse, très étroite, décelait une tris-