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D’abord, pourquoi m’aimez-vous ? Je ne pense pas que vous me trouviez jolie ?

— Eh ! si, je le trouve. Du moins, à mon goût… Votre visage est délicieusement changeant ; vos yeux aussi. Vous êtes jolie par le mouvement.

— Vraiment, dit-elle, un peu émue… Mais ce goût pourrait bien vous passer. Moi, Pierre, je ne sais rien, rien de l’amour… ou si peu !… Quelques vagues rêveries. Je pense à autre chose qui doit être d’abord… J’y pense tellement que tout le reste s’efface… Il faut que je fasse le sort de Manuel… que les petits soient heureux… et aussi que je gagne ma partie, s’il se peut, car je suis terriblement ambitieuse.

— Est-ce que cela ne pourrait pas se concilier ? Pourquoi ne mêlerions-nous pas nos efforts ?