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— Presque impossible qu’il m’ait devancé ! marmonna-t-il. Seulement, par où va-t-il sortir ?

Une route barbue et défoncée, une faible bande de terrain séparaient le parc de la sylve. À la rigueur un homme pouvait passer sans être vu : tout dépendait de la distance.

Martial tendit son oreille de sauvage ; il s’étendit même sur le sol pour mieux entendre. Puis il prit son galop vers le couchant. Deux ou trois fois, il s’immobilisa, sans un souffle, « prenant conseil » de l’air, de la terre, des herbes et des arbres. Quand il fut entré dans la forêt, il changea de direction et poussa un grand cri d’appel, suivi, trente secondes plus tard, d’une clameur qui semblait venir d’un autre être et d’un autre endroit :

— Je le cerne ! ricana-t-il avec un âpre sourire.

Il filait maintenant en ligne droite. Puis il se glissa au travers d’un fourré très sombre et poussa de nouveau un cri éclatant. Le fourré s’ouvrit. Des roseaux parurent ; l’eau d’un