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site. Avant que les fugitifs soient près du parc, les issues seront occupées.

Il s’interrompit et tendit l’oreille. On discernait la sonnerie lointaine d’une trompe, bientôt suivie d’aboiements :

— Martial est en chasse !

— Allons voir ! fit Duguay.

C’était l’heure dorée. Déjà les ombres s’allongeaient démesurément sur les pelouses ; une odeur d’herbes et de corolles montait avec le souffle voluptueux du parc, et la grande contrée verte, étendue sur la plaine et sur les collines, décelait les énergies de la terre profonde.

Le silence s’était refait, le vaste silence où la nature abrite la vie et la mort, la lutte sans merci et la fécondité invincible… Puis, de nouveaux sons de trompe. Un homme passa furtivement au travers d’une allée, puis un autre ; des abois rapides, auxquels répondaient les clameurs des chiens de ferme, annoncèrent un drame humain mêlé aux tragédies latente des futaies :