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— Non, monsieur.

Le coureur des bois attira Dévorant, le traîna auprès de Philippe, lui fit flairer les mains du jeune homme, prononça quelques paroles sans suite sur un rythme de mélopée, et s’éloigna en scandant :

— Reste, Dévorant !

Et la chasse continua.

Il n’y avait plus de doute. Il fallait suivre des sentiers vagues, sous des frondaisons très épaisses. Philippe, Simone, Monnerod et Martial même, tâtonnaient dans le mystère. Seules, deux créatures inférieures, douées du vieil instinct millénaire, connaissaient leur route.

Elles percevaient la trace impalpable plus clairement que si, en plein jour, elle avait été imprimée dans un sol malléable, et peut-être avaient-elles quelque obscure conscience du drame d’épouvante qui émouvait les hommes.

Martial gagnait du terrain. Tant de nuits passées dans la forêt lui avaient fait des sens rapides. Hors l’odorat, il pouvait jouter avec ses bêtes.