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stoïques, et, cela va sans dire, j’étais prêt à broyer ma vie plutôt que de trahir mon bienfaiteur.

Je passai une partie de la nuit à prendre des résolutions. Elles se résumaient toutes dans l’idée de mon départ ; elles sacrifiaient toutes mon bonheur et la sécurité de ma pauvre mère.

En même temps, je reprenais le procès du sort. Volontiers me serais-je sacrifié moi-même, mais pourquoi les autres ? Pourquoi le chagrin que j’allais causer à M. Ditchfeld ? Pourquoi la vieillesse de ma mère menacée ? Pourquoi le désespoir de ma chère Mary ?… Et j’entendais une voix me parler comme au croyant une voix prophétique : « Et moi, je suis de celles de cette race ! »