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« Sur un arbre habitait un couple de corbeaux dont les petits avaient été dévorés par un serpent noir qui avait établi sa demeure dans le creux du même arbre. Lorsque la femelle fut sur le point de pondre une seconde fois, elle dit à son mâle : « Maître, il faut abandonner cet arbre, car, si nous restons ici, nous n’aurons jamais de progéniture, à cause de ce serpent noir. »

Avant de donner la réponse du corbeau mâle, l’auteur de l’Hitopadésa croit devoir intercaler dans son récit une petite sentence dont le contenu, il faut l’avouer, ne se rapporte pas beaucoup à ce qui précède :

« Avoir une femme vicieuse, un mauvais ami, des serviteurs qui répliquent, et habiter une maison infectée par des serpents, c’est sans contredit la mort. »

Puis le corbeau mâle s’efforce de rassurer sa compagne en lui faisant comprendre que l’intelligence l’emporte souvent sur la force ; et, pour le lui prouver, il lui cite une anecdote de l’histoire des animaux, celle « du Lion qui se laissa égarer par la fureur et devint la victime d’un Lièvre. »

— Comment cela ? dit la femelle du corbeau.

Celui-ci, satisfait d’avoir si heureusement excité la curiosité de son épouse, croit devoir lui raconter l’apologue suivant, ce qui permet à l’auteur indien d’entrelacer une nouvelle fable dans celle du Corbeau, sa Femelle et le Serpent :

« Il était un lion qui faisait un massacre continuel d’animaux : ceux-ci, pour diminuer le nombre des victimes, résolurent de lui proposer d’envoyer chaque jour un d’entre eux pour lui servir de nourriture, s’il