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moins intéressant de les comparer avec les notions empruntées aux sources chinoises ; car on n’ignore point que les faits recueillis par les voyageurs n’acquièrent le plus souvent de véritable force que lorsqu’ils sont contrôlés par les monuments de la littérature indigène. Or les Coréens ne possèdent très-probablement pas de littérature propre : c’est donc aux Chinois et aux Japonais, les seuls peuples qui ont entretenu avec eux des relations suivies depuis de longs siècles, qu’il faut demander les notions scientifiques qui nous intéressent.

Voici ce qu’il m’a paru plus utile d’extraire, au point de vue où je me suis placé, des ouvrages de ces deux peuples, dont il m’a été possible de prendre connaissance.

1. — Géographie physique.

La Corée, par sa situation géographique, par le caractère de ses habitants et par la langue qui s’y parle, forme une contrée essentiellement distincte de l’empire chinois, bien qu’elle y soit rattachée par de nombreux liens historiques et politiques. Ces liens, presque toujours contractés dans l’unique but de satisfaire l’orgueil des Fils du Ciel, n’ont cependant presque jamais été assez étroits pour qu’il ait pu s’opérer une sorte de fusion entre les habitants des deux pays. Aujourd’hui même, il n’est permis aux Coréens de commercer que deux fois par année avec les Chinois, à la cinquième et à la onzième lune, c’est-à-dire vers la fin de juin et de décembre ; et encore ce commerce ne peut-il durer chaque semestre plus de dix jours. À l’époque fixée par les règlements, les marchands coréens, réunis en caravane, gagnent le nord de leur presqu’île et se rendent au petit village de Foung-pien-men, sur la frontière du Liao-toung, où les mandarins inscrivent ponctuellement leurs noms, afin de s’assurer qu’une fois la foire terminée chaque individu retournera bien exacte