Page:Rosny - Marc Fane, 1888.djvu/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sommeil de l’Inconnu ! Des Hughes massifs, leurs gros rouages, la verge, la boule du synchronisme, leurs petits claviers de pianos, avec la haute chaise de l’opérateur, la table basse du colleur, étaient les symboles de ce que peut la mesure, l’équation des vitesses à travers la distance.

Cependant, le petit manipulateur battait toujours ses longues et ses brèves, un battement un peu las, et l’employé arriva à finir sa dépêche. Il y eut un court intervalle, puis, plus délicate encore, la petite armature réceptrice se mit à palpiter irrégulièrement, à écrire un télégramme. La bande roulait, les points et les barres bleuâtres passaient sous la prunelle mi-endormie de employé —... .—. .—... . — — .— .—. .—. . ... . — — — .. etc. Puis, le silence, rien que le ronflement des hommes et des gaz.

Cependant, au fond de la salle, sa belle tête blonde entre les mains, Mare Fane rêvassait devant une lettre, un mot complimenteur de Garoulle, que, depuis la veille, il savourait comme un miel de gloire, dans une délectation vaniteuse, à lui faire venir des larmes de gratitude. Dans son être cérébral, il subissait l’idée d’un Garoulle autre quo l’homme d’État équivoque, il révait l’alliance, une possibilité de convaincre,