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souples et forts les membres et tranquille la prunelle. Alors, lent, je levai l’arc d’Anakhre. Là-bas, au loin, un grand cône d’émeraude se tenait immobile dans l’ombre de l’arbre, et son étoile, éclatante, se tournait vers moi. L’arc énorme se tendit, et dans l’espace, sifflante, partit la flèche véloce… et le Xipéhuz, atteint, tomba, se condensa, se pétrifia.

Le cri sonore du triomphe jaillit de ma poitrine, et étendant les bras, dans l’extase, je remerciai l’Unique.

Ainsi donc ils étaient vulnérables à l’arme humaine, ces épouvantables Xipéhuz ! Ainsi donc on pouvait espérer les détruire !

Maintenant, sans crainte, je la laissai gronder, ma poitrine, je la laissai battre, la musique d’allégresse, moi qui avais tant désespéré du futur de ma race, moi qui, sous la course sublime des constellations, sous le bleu cristal de l’abîme, avais sombrement calculé qu’en deux siècles le vaste