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lutte, le superbe optimisme des jeunes races. L’homme errant, rêvant à cela, n’osait plus aimer les somptueux pâturages natals, cherchait en haut, de sa prunelle accablée, l’arrêt des constellations. Ce fut l’an mil des peuples enfants, le glas de la fin du monde, ou, peut-être, la résignation de l’homme rouge des savanes indiennes.

Et dans cette angoisse, les primitifs méditateurs venaient à un culte amer, un culte de mort que prêchaient de pâles prophètes, le culte des Ténèbres plus puissantes que les Astres, des Ténèbres qui devaient engloutir, dévorer la sainte Lumière, le feu resplendissant. Partout, aux abords des solitudes, on rencontrait immobiles, amaigries, des silhouettes d’inspirés, des hommes de silence, qui, par périodes, se répandant parmi les tribus, contaient leurs épouvantables rêves, le Crépuscule de la grande Nuit approchante, du Soleil agonisant.