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J.-H. ROSNY.

est-ce vrai... ne VOUS {rompez-VOUS pas vousmême ?

Ne prenez-vous pas la pitié pour

l’amour ?

— Je n’ai plus pitié... dit-elle dans un murmure, plus rien que la peur de vous perdre. Dites-moi que vous me voulez pour femme !.….

Un sanglot de joie se brisa dans la poitrine du jeune homme. Comme le voyageur au bout de sa course, il oubliait les fatigues, les épreuves et les dangers de la route. Il demeura une minute dans le saisissement de son bonheur, incapable de dire une parole. Sous’ la lueur nacrée de la nuit, la jeune fille tournait vers lui un visage tout étincelant d’espérance amoureuse.

[ls’avança enfin. Une foi vasteet profonde comme les forêts emplit son âme, et quand il tint Clotilde contre sa poitrine, il sentit qu’il aimerait la vie jusqu’à sa dernièreheure.

Quelques jours plus tard, le notaire Tardieu lisait aux hôtes des Aulnes le testament de Nauteuil :

, « Moi, Jacques de Nauteuil, demeuranten mon château de Nauteuil, canton d’Armel,

déclare léguer à mon neveu Hubert de Sauvaize, mon dit.château de Nauteuil, avec son parc, ses forêts, son mobilier et ses fermes. Je lui lègue en outre une somme d’un million de francs, indépendamment d’une rente viagère de douze mille francs.

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LES TROI S RIVALES,

« Je lègue à M" Clotilde-Jeanne de Leuze, fille du baron Gustave-Pierre de Leuze et de Marguerite de Moreuil, sa femme, mes chäteaux de Mauverre et de Grandcombe avec toutes leurs dépendances et contenus.

« Je lui lègue en outre une somme de deux millions de francs.

« Le demeurant de ma fortune sera attribué à M“ Marguerite-Armande de Leuze, née de Moreuil.

«C’est mon vœu supfême que mon neveu Hubert épouse Mie Clotilde de Leuze,

« Faitet écrit entièrement de ma main, en mon château de Nauteuil, le cinq décembre mü huit cent quatre-vingt-dix-sept.

« Jacques-Auguste de NauTEuIz. »

Moreuil s’était levé, nerveux, tandis qu’Hubert demeurait abasourdi. La vieille femme gardait toujours son calme.

Elle se contenta de dire : |

— Je pardonne à M. de Nauteuil les torts moraux qu’il a eus à mon égard !

Cette fois, Moreuil ne put se cont<nir davantage. Il s’écria :

— Quels torts, ma sœur ?

— M. de Nauteuil a été mon fiancé, dit-elle fièrement. Il a forfait à sa parole.

Et elle unit, en silence, les mains de Clo-

tilde et d’Hubert.

—— ‘—.

CHANTENAX, IP, =— PADIS.