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cise, — un autre moment Davesne reprit l’offensive, — puis, soudain, je vis le tyran par terre, essayant de frapper et de mordre, rabattu par de vigoureux coups de poings sur la mâchoire.

Une joie frénétique me transporta, me fit trembler des pieds à la tête. Il me semblait que le monde recommençait, que la vie était belle. Une douceur délicieuse plana sur la prairie, sur le ruisseau chanteur, sur toute cette terre qui avait été notre âpre prison. Seule, l’angoisse que Davesne prît sa revanche m’empêchait de goûter tout le bonheur de cette minute, et je regardais le vainqueur avec un regard d’adoration comme je n’en eus certes jamais devant une image divine.

Cependant, après avoir bien démontré sa victoire, réduit l’autre à l’impuissance, le nouveau se releva d’un bond. Davesne fut debout presque en même temps, et s’avança pour recommencer le combat :

— Prenez garde ! m’écriai-je avec épouvante.

On m’avait lâché. Je voulus m’interposer encore. Le nouveau m’écarta gentiment :

— Laissez faire !

Presque au même moment, Davesne bondissait avec cette rapidité et cette force qui le rendaient irrésistible. Le nouveau recula de deux pas, prit