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vie : une surprise et une gratitude infinies, une tendresse singulière pour le survenant, le regret qu’il fût là, le désir d’être soumis à mon tourment plutôt que de le voir exposé aux coups de la brute.

— Ah ! tu veux prendre un bain à sa place ? fit Davesne en ricanant.

Je tentai de m’interposer. Davesne me rejeta d’un coup de poing. Le nouveau venu me dit avec vivacité :

— Laissez-moi faire !

Je serais intervenu quand même, mais deux ou trois gamins, par courtisanerie, me continrent. Alors je vis Davesne se frotter les mains, foncer la tête, tandis que l’autre le regardait. L’issue de la lutte ne pouvait être douteuse. Quoique les tailles fussent à peu près égales, il y avait en Davesne quelque chose de dense et de métallique qui le marquait pour la victoire. Aussi, lorsqu’ils se précipitèrent l’un sur l’autre, je fermai les yeux pour ne pas voir la défaite de mon défenseur. Quand je les rouvris, étonné de la longueur du combat, mon émotion fut extrême. Davesne reculait, vivement pressé, et l’autre, d’un mouvement fort agile, presque rythmique, gagnait de seconde en seconde. Un moment la lutte fut indé-