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se passa, puis, au retour du printemps, un matin, il me survint une nouvelle aventure. J’avais risqué une promenade à travers le petit bois, lorsque, au retour, je me trouvai mêlé à une troupe d’enfants, non loin de l’usine.

C’était à l’orée d’une prairie, où coulait un petit ruisseau tout chétif. Une maisonnette était plantée vers la droite, où venait de s’installer la veille un habitant temporaire de la commune, charpentier de son état, venu pour quelques constructions annexes de la fabrique. Comme je débouchais du bois, je me vis en présence d’une douzaine de garnements dirigés par le jeune Davesne.

Ce dernier ne m’eut pas plus tôt aperçu qu’il se mit à m’interpeller :

— Eh ! petit cochon… viens donc !

Je fis mine de ne pas entendre, je pressai le pas.

— T’as donc pas entendu ? reprit le tyran… Je te dis de venir !

Le cœur me battait affreusement. Néanmoins, je continuai d’avancer sans dire une parole. Alors le petit Davesne bondit, me rattrapa, me saisit aux cheveux :

— Ah ! tu ne veux pas répondre, sale petite bourrique !… Ah ! tu fais le malin !…