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— Hein ? cria Davesne… Que dit le rat de fabrique ?

— Je dis que c’est ignoble !

Au même instant, il fut enlevé d’au milieu des paysans, planté contre la muraille de la ferme. Il était assez leste, il essaya de se défendre. L’autre le terrassa d’une main, lui mit tranquillement un genou sur la poitrine et dit :

— Demande pardon !

— Non !

Haletant, fou de rage, je me jetai au secours de mon père, je frappai du poing contre le monstre. En ce moment, une main tenaillante me saisit, et avant que je pusse me rendre compte, j’étais terrassé à mon tour, sous les genoux du fils Davesne.

Et nous voyant contre terre, impuissants, écrasés, étouffés — pour avoir obéi à un mouvement généreux — et cinquante paysans terrifiés. à distance, sans qu’un seul osât faire un geste ni dire une parole en notre faveur, je conçus pour la première fois, dans sa plénitude, le sentiment de la lâcheté humaine, la facilité de dominer les brutes et de les asservir ! Seul le blessé tenta quelque chose en notre faveur. Il se releva péniblement, fit quelques pas : un coup de pied adroitement envoyé le rejeta contre le sol.