Page:Rosny - Les Profondeurs de Kyamo, 1896.djvu/9

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— As-tu vu l’homme des bois ?

— Je l’ai vu, j’ai marché dans Kyamo. L’homme des bois est plus grand que nous, surtout plus large. Il a la poitrine profonde du lion, ses bras sont invincibles ; plus d’un guerrier a pénétré dans la grande forêt, sans armes, solitaire. Lorsqu’on est humble et doux, il ne vous arrive pas de mal… mais la colère de l’homme des bois est terrible !

— Les hommes des bois sont-ils en grand nombre ?

— Oui, ils sont nombreux sûrement ; la forêt en contient plusieurs centaines de villages.

— Mais ils ne vivent pas en groupes ?

— Non, chaque homme vit à part avec ses femmes, très voisin d’autres familles. Ils se réunissent quelquefois par villages et par tribus, pour des expéditions. Ils savent alors choisir un chef.

Alglave baissa la tête et rêva. Son rêve lui était doux au cœur.

Dans l’hermétique vastitude de Kyamo, il voyait un majestueux vestige de la très antique histoire de l’être. En ce domaine vierge, l’intelligence de celui qui fut le rival de l’homme avait gardé des traces d’un état supérieur :