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ble le faisait chanceler, tandis que Davesne criait :

— Empoche !

L’homme fit un pas en arrière, ferma ses poings énormes, fonça comme un taureau. Davesne ne se gara pas, para tant bien que mal, atteint vers l’épaule gauche, saisit les deux bras de son adversaire et, d’un choc, le fit rouler sur le sol. Alors, dédaigneusement, donnant du pied sur le visage de l’athlète :

— Relève-toi… je vais t’assommer !

L’autre se leva et, rendu prudent, quoique toujours plein de bravoure, feignit deux ou trois attaques, enfin se précipita. Il fut rejeté d’une façon si raide, avec une telle volée de coups sur les yeux et le visage, qu’il roula évanoui. Et Davesne, devant cinquante personnes accourues, froidement cracha sur la figure du vaincu, en disant :

— Voilà ce que je ferai à ceux qui oseront me regarder de travers !

Épouvantés de la force énorme qu’il venait de montrer, fascinés par son petit œil implacable, nul paysan n’osait ouvrir la bouche. Seul mon père, pâle comme un mort, révolutionné par l’horreur de la scène, s’écria :

— C’est ignoble !