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le petit tyran nous courba sans conteste sous son caractère violent et cruel. La chose alla si loin que le père d’un d’entre nous, homme athlétique, un jour qu’on lui ramenait son enfant tout ensanglanté, s’en fut demander réparation au père de l’autre. C’était — comme je revois toute la scène au fond de moi ! — un midi d’octobre, un joli temps tiède, un peu couvert. L’homme, avec des gestes farouches, jurait devant la porte des nouveaux, et finit par y frapper un grand coup. À l’instant, la porte s’ouvrit ; il parut un paysan de moyenne taille, ramassé sur lui-même, avec les yeux petits, féroces et pénétrants de son garçon.

— Que voulez-vous ? dit-il d’une voix rauque.

— Je veux que vous corrigiez votre fils pour le mal qu’il a fait au mien.

— Le vôtre n’avait qu’à se défendre !

— Le vôtre deviendra un assassin !

— Vous dites ?…

La figure de Davesne, résolue, mauvaise, dense, avançait vers celle du réclamant. Mais celui-ci n’était pas de ceux qu’on intimide, — plein de juste confiance dans sa grande force et son grand courage.

— Je dis que votre fils deviendra un assassin.

À peine il finissait la phrase, qu’une gifle terri-