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bras démis. Quant au marsupial visé, il n’avait pas été atteint ; il fuyait, avec d’autres bêtes, non à cause du coup de fusil, mais à cause de la chute des pierres.

— Tirerez-vous encore ? demanda Alglave à ses hommes.

Tous baissèrent la tête, humiliés, tandis que Véraguez examinait le bras du blessé. Après une vingtaine de minutes de repos, la marche fut reprise. Les malheureux se traînaient, démoralisés, pleins d’horreur pour cette contrée souterraine qui ne semblait plus (hélas ! à Alglave même) qu’une nécropole incommensurable d’où l’on ne sortirait jamais ! Un incident compliqua le désastre : l’homme au bras démis, qui retardait continuellement sur les autres, poussa un soupir de détresse, s’accrocha à l’un de ses camarades et s’évanouit. Il fallut s’arrêter encore, essayer de ranimer le pauvre diable. Un autre alors, s’étendant sur le sol, déclara qu’il préférait mourir là plutôt que de continuer une marche inutile. Au reste, en examinant l’ensemble de la petite caravane, il était évident qu’on ne pouvait guère avancer bien longtemps. Quant à transporter les invalides, il n’y fallait pas même songer, dans l’état d’exténuation où ils se trouvaient tous.