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aux sacrifices inutiles, aux meurtres inconsidérés de l’animal, empreint de ce système de philosophie zoologique qui voit, dans le massacre abusif de l’animal, à la fois un danger pour le progrès futur de l’humanité et une diminution de beauté sur la terre.

Il interrogeait avec ferveur un vieillard d’Ouan-Mahléi, sur la forêt de Kyamo. Et celui-ci contait des choses mystérieuses, légendaires peut-être, infiniment intéressantes et poétiques.

Kyamo était longue comme quarante journées de marche en plaine et large de vingt journées. Elle était vieille incroyablement, — depuis le commencement des âges, — et l’homme nègre ne l’avait jamais traversée par troupes. Le lion la redoutait, avait été expulsé tout autour de sa frontière. Aussi loin que va la mémoire des ancêtres et des ancêtres, dans le récit des époques mortes, Kyamo avait appartenu sans conteste au grand homme des bois, au gorille noir géant. Elle avait été impérieusement et victorieusement gardée.

À ce récit, Alglave s’émut. Une épopée merveilleuse et profonde avait grandi dans son cerveau en même temps que l’âpre curiosité du savant :