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besoin de réparer leurs forces, de regagner le sang sucé par les vampires.

Alglave et Véraguez opposèrent une grande énergie à toutes les plaintes, stimulant leurs hommes autant par l’exemple que par la parole. Il fallut pourtant se résigner à commander une halte.

— Monsieur ! fit alors un des plus affamés… je vous en prie… laissez-nous tuer un animal quelconque…

Alglave voulut s’y refuser, Véraguez intervint :

— Voyons, ami… sinon un rongeur… du moins que nous abattions un marsupial…

Devant les faces suppliantes, blêmes, maigries, fiévreuses, Alglave finit par céder.

— Soit ! Mais je n’endosse aucune responsabilité…

Aussitôt quatre hommes se dirigèrent vers un épais massif de fougères, la carabine prête, et s’y embusquèrent. Deux minutes se passèrent, angoisseuses, puis un coup de feu retentit. L’écho s’en répercuta, sinistre ; presque en même temps une pluie de pierres, de pierrailles, tomba avec fracas. On entendit un cri de douleur, et, quand la poussière se fut dissipée, on releva un des quatre hommes de l’embuscade : il avait un