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se dresse, encore tout étourdi. Il compte, il s’aperçoit que son frère indien a disparu, puis, morne, il secoue Alglave.

Après un moment Alglave remue, ouvre les yeux.

— Hé !… quoi ? Ce n’est donc pas fini ?

Il se dresse, il regarde. Il se sent faible, mais non au point de ne pouvoir marcher. Son œil suit les vols des chéiroptères, avec une vague tendresse.

— Ils ont usé mais non abusé de nous !

Et ces paroles se confirment par l’éveil successif des compagnons. Ils sont faibles, presque incapables de marcher. Véraguez, stupéfait, demande :

— Qu’est-il donc arrivé ?

Aux explications d’Alglave, sa surprise augmente, avec la joie d’être encore en vie :

— Nous sommes trop faibles pour regagner le bateau… avant d’avoir mangé… dit-il enfin.

Tous ont au col la petite plaie par où les chauves-souris géantes ont sucé leur sang ; mais il faut à tous avouer la modération des bêtes, et Véraguez, comme Alglave, en éprouve une espèce de gratitude :

— Il faut pourtant manger, dit un homme… et nous avons épuisé nos provisions !…