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secoue les autres en criant des choses rauques, profondes, mais sans éveiller personne. Ses pas retentissent sur le tertre, s’éloignent rapidement dans la nuit effroyable, se confondent bientôt avec l’éternel bruissement de la cataracte.

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Des heures encore dans le vaste assoupissement des cavernes. Depuis longtemps les vampires mêmes se sont endormis. La mort règne dans l’immanence. Éternellement, ce semble, vont se perpétuer les ténèbres… Et pourtant, voici une rumeur légère, des bruits de pattes graciles, des cris légers, des rongements, des broutements. Un observateur devinerait un réveil d’êtres, l’approche d’un phénomène d’allégresse.

Cela dure une, deux, peut-être trois heures.

Enfin, une lueur faible d’abord comme une brume, puis douce comme la lune derrière une triple couche de nuées violettes, puis plus claire, plus belle dans ses merveilleuses nuances indigo : c’est le jour des cavernes !

Ce jour trouve endormis les hommes sur le tertre, mourants peut-être, immobiles. Un vol de chéiroptères les domine, mais sans s’abattre sur eux.

Soudain l’un d’eux remue, Whamô, qui s’étire,