Page:Rosny - Les Profondeurs de Kyamo, 1896.djvu/75

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quelles sont ces haleines douces, ces battements d’éventail qui passent dans l’ombre, ces soupirs, ces chutes mates, ouatées ?

Alglave y songe, dans un rêve confus, car la torpeur continue à le prendre, mais infiniment lente, l’éteignant jusqu’à l’angoisse dans je ne sais quelle volupté de nirvâna.

— Je vais mourir… Mourir !

Il s’étonne de n’être pas plus épouvanté. Sa main cherche autour de lui ; elle rencontre une fourrure de soie, elle se retire avec un peu d’horreur. Il devine que les vampires s’abattent sur ses compagnons, que tantôt ils vont s’abattre sur lui-même et se nourrir de son sang. Il veut se lever, il étend les deux bras, mais sa faiblesse est extrême, et il retombe, il s’affaisse dans un profond sommeil, non sans avoir senti sur son cou, sur sa poitrine, un poids mou, tiède, une palpitation de bête qui fait sans peine sa proie du roi de la création.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Du temps coule, indéterminé, des heures d’ombre. Les hommes, sur le tertre, demeurent immobiles, morts ou assoupis. Et voilà, cependant, qu’un d’entre eux soupire, se dresse, avec un murmure. Quelques minutes celui-là piétine,