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— Il a été plus intelligent que moi !

Successivement, en prenant les repos nécessaires à dissiper l’étourdissement qui suivait chaque course, Alglave et l’Indien remorquèrent tous leurs compagnons sur le tertre.

Mais, chose lugubre et singulière, quoique leur respiration fût normale, leur pouls régulier, aucun des dormeurs ne s’éveilla malgré cris ni secousses :

— Ce n’est donc pas l’acide carbonique ? pensa Alglave avec désespoir.

Lui-même, debout au haut du tertre, ne se sentait plus d’engourdissement ; son compagnon montrait la même endurance. Triste, il regardait le paysage. Il constata instinctivement que sa conjecture sur les vampires semblait juste ; partout ils s’abattaient sur les animaux quadrupèdes, leur suçaient le sang, avec une tranquillité de possesseurs usant de droits incontestés…

— Mais pourquoi les bêtes résistent-elles à ce sommeil qui nous a vaincus ?

Comme il se posait cette question, il observa que, précisément, certaines bêtes se préparaient au repos. Partout des rongeurs, des marsupiaux, se couchaient sur les lichens et les mousses.