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— J’ai sommeil, répondit pesamment Véraguez.

— Sommeil ?

— Oui.

Et il s’accroupit comme les deux hommes.

Alglave, inquiet, regarda autour de lui. Il lui sembla que la lumière diminuait, qu’une brume descendait sur les clairières, sur les lichens, sur les eaux. Lui-méme se sentit les paupières lourdes.

— Qu’y a-t-il donc ? C’est étrange !

Et, voyant son ami s’étaler :

— Véraguez ! Lève-toi, Véraguez !

Véraguez dormait. Deux des hommes dormalent aussi ; les autres, et Whamô même, luttaient péniblement contre la torpeur. Seul, l’Indien sauvé résistait assez bien, échangeait un regard inquiet avec Alglave :

— Quoi ? quoi” répétait celui-ci, avec une angoisse grandissante.

Il eut épouvante à l’idée que le mal mystérieux pouvait être mortel : un poison subtil, un gaz asphyxiant. Secouant encore son compagnon :

— Véraguez ! Du courage, mon ami !

Véraguez resta inerte ; bientôt Whamô et les autres durent s’étendre, succombèrent à leur tour :

— Mais c’est affreux !… La mort peut-être…