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Le vent se levait, se taisait alternativement. Il était triste et doux comme le ciel sous sa couverture mince de nues. Il soulevait, dans un rythme de mouvement et de musique, pour l’œil et pour l’oreille, les herbes longues, les feuillages dentelés. Des insectes vibraient ; on entendait par intervalles le rugissement d’un lion, et, plus lointain, le rugissement d’un autre lion, puis des cris, des abois, des rumeurs imprécises. Tout cela, comme la brise, s’interrompait en de magnifiques silences.

Les nègres ne dormaient pas. Beaucoup se tenaient auprès de la case centrale, la case du chef, où trois Européens contemplaient la nuit et causaient entre eux ou avec les indigènes. D’autres préparaient un grand brasier pour cuire un festin, un repas colosse, en l’honneur des hôtes. Des trois voyageurs, deux, l’Autrichien Kamstein et le Français Hamel, étaient des explorateurs fervents, soucieux de parcourir et de décrire avec exactitude des contrées inconnues. Braves jusqu’à l’héroïsme, ils préféraient le système de la douceur à la méthode conquistadorienne des Stanley.

Alglave, encore plus qu’eux, était un voyageur de haute lignée, noblement curieux, répugnant