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ce n’est pas la cataracte qui dominait le plus l’imagination des voyageurs.

Plus grandiose et plus inimaginable était l’entour — ce gouffre pâle qui était une contrée pâle. Sous les voûtes restées à la même hauteur, c’était en bas une terre immense. La vie y apparaissait dans une splendeur surabondante ; grandes étendues sylvestres, plaines moussues, marsupiaux et rats géants, mais surtout une quantité extraordinaire de chéiroptères — et cette fois d’une taille absolument imprévue, aussi puissants que les plus puissants condors des Andes. Oh ! ces chauves-souris géantes, leurs grands envols sur la cataracte, leurs planements sur les plaines ! Toute la grâce de l’oiseau était en elles, avec quelque chose de plus, je ne sais quelle intelligence de mouvements, marquant une race de mammifères supérieurs.

« Ce sont les rois de cette création, pensa Alglave. Un essai de la Nature pour faire — qui sait ! — un homme volant. »

Et la ressemblance étrange de la chauve-souris et de la contexture humaine, qui l’avait si souvent frappé, le préoccupa.

Mais une voix lui cria dans l’oreille, celle de son compagnon, comme lui grisé d’inconnu :