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VII

La terre était molle, légèrement humide. Le frôlement des conifères et des fougères livides causait une appréhension légère aux plus courageux, à Alglave même. Comme la petite troupe débouchait dans un espace découvert, il apparut soudain quatre ou cinq de ces rats dont les colossales proportions avaient tant surpris les voyageurs. De leurs yeux rougeâtres, ils fixèrent les hommes — et ils ne reculaient point, maîtres de ces domaines, dont ils devaient être les tigres et les lions. — Ils hésitaient pourtant, ne semblaient pas vouloir non plus prendre l’offensive, surpris de voir ces êtres nouveaux, ces bipèdes énormes.

En ce moment, un des hommes de l’escorte épaula sa carabine. Alglave la rabattit :

— Gardez-vous de tirer sans nos ordres ! fit-il d’une voix autoritaire… Si personne n’avait tiré cette nuit sur les jaguars, ils ne nous auraient pas attaqués… et nous n’aurions pas la douleur de voir blessé notre compagnon… Si vous atta-