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PREMIÈRE PARTIE

LES
PROFONDEURS DE KYAMO


I

C’était le soir, au village nègre d’Ouan-Mahléi, proche, à l’Orient, de la forêt Kyamo, une des plus vastes du Continent mystérieux.

Au firmament, la lune, écornée par le décours, flottait entre des nuages à peine visibles, nuages longs, frêles, en forme d’esquifs, qui tous partaient, se perdaient lentement vers un même horizon. La plaine se prolongeait en ondes légères, avec des palmiers sur les hauteurs ; par ce mois de floraisons, la confidence des parfums, suave dans les chuchotis de la brise, semblait le verbe profond et pénétrant des plantes, l’hymne de leur amour, de leur ardeur à croître et se multiplier.