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cirque tout autour de la chaîne rocheuse. D’ailleurs, le bateau approchait vite. Bientôt il atteignit les premières collines.

Et le spectacle avait une magnificence tranquille et sévère : la végétation s’arrêtait presque net ; de grands espaces arides s’étendaient à la rive opposée aux rocs ; des débris calcinés, des laves, des pierres vitreuses racontaient un très ancien cataclysme, une tempête plutonienne :

— C’est bien la terre mystérieuse ! fit Alglave… la terre des belles et ténébreuses légendes !

Un nouveau geste de l’Indien l’arrêta ; ils aperçurent, dans une des plus hautes roches, un prodigieux portail, le péristyle d’un temple de géants :

— C’est ici ! fit Whamô.

Dans l’immense ouverture, on voyait se déverser la rivière, et l’on pouvait apercevoir je ne sais quelles colonnades, quelles voûtes profondes où le soleil levant pénétrait obliquement. Véraguez et Alglave contemplèrent ce spectacle avec une sorte de respect mystique :

— Voyez ! dit le dernier… l’eau entre lente… et Whamô, comme du reste le cacique, prétend qu’elle est profonde ! Nous risquons peu, en tout