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— Oui, répondit le troisième compagnon, mais, en somme, nous avons couru un danger des plus sérieux… et qui pouvait être évité si personne n’avait tiré… le fanal eût suffi à tenir les fauves à distance…

— C’est vrai, Véraguez ! reprit Alglave… mais qu’est devenu celui qui nous a amené l’aventure ?

— Le voici ! fit un des hommes d’équipage.

Le sauvage, invité du geste, s’avança. L’on vit un homme trapu, au regard de nyctalope, au visage très large, grisâtre, le front en angle et le menton énorme. Il articula quelques syllabes gutturales.

— C’est l’idiome même de notre otage ! dit Véraguez, qui avait de pénétrantes facultés polyglottes.

— Et aussi son type ! ajouta Fugère… Confrontons-les…

— J’ai idée, fit Alglave avec une nuance d’ironie, que le vieux cacique ne s’est pas borné à un cours de cosmogonie indienne…

Quelques minutes plus tard, on amenait l’Indien donné par le cacique. Dès qu’il fut mis en présence de l’autre, il manifesta une joie extrême et du reste partagée. Une conversation expansive s’engagea entre eux.