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suite ininterrompue de ruines végétales flottant par la rivière.

Sur quelques-unes, des monstres aquatiques dormassaient ou se mouvaient avec lenteur, et l’on apercevait un vol d’oiseaux de nuit, on entendait des murmures proches, des soupirs, des grognements de bêtes mêlés à la lente mélopée des eaux et des ramures. Au reste, le navire avait dérivé. Il n’était plus qu’à une vingtaine de mètres du bord de l’île, sous l’ombrage d’énormes arbres penchés sur l’eau.

Comme Alglave faisait définitivement stopper le bateau et qu’il se décidait à appeler ses compagnons en conseil de guerre, une ombre bondit sur le pont, une large silhouette.

Le barreur poussa un cri d’épouvante,

Alglave, le revolver au poing, prêt à l’attaque ou à la défense, regarda. Dans l’indécise lueur, il vit un être humain, de taille plutôt petite, très trapu. Le barreur, son premier saisissement passé, avait à son tour tiré son revolver et visait l’homme :

— Arrêtez ! fit Alglave, il n’a pas l’air agressif !

Effectivement, l’être humain se tenait dans une pose suppliante, montrait le fleuve d’un air effaré. Alglave suivit la direction de son geste.