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tous les détritus d’une indomptable végétation, et des profils extraordinaires sur des coins de firmament argentin, des trouées pareilles à des cavernes, de grands palmiers plus hauts que les plus hautes frondaisons, planant dans le tiède éther — l’eau reflétant ces splendeurs confuses, tendrement clapotante contre la rive effritée, emportant le terreau et les racines.

Avec cela, une demi-ténèbre majestueuse, la lune tamisée par les grands feuillages, je ne sais quelle menace épandue, quelle sévérité de la nature intimant à l’homme de ne pas avancer plus loin.

Et de fait, le passage devenait de plus en plus âpre.

D’abord, il fut relativement aisé à la fine proue du bateau de se frayer une voie parmi les obstacles, mais bientôt un enchevêtrement inextricable de plantes marines et de grands troncs morts rendit l’avance pénible et peut-être périlleuse.

Alglave fit ralentir la marche ; il devint évident qu’il encourait une grosse responsabilité à agir seul. La sauvage nature semblait pleine d’embûches ; aussi loin que l’œil du pilote pouvait suivre les rais du fanal électrique, c’était une