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descendirent dans l’entrepont pour dormir, tandis que l’homme à la tête longue demeurait seul avec l’homme de la barre.

II

Alglave se tenait à la proue, explorant la rivière de son œil profond et sûr comme celui des condors. Une rêverie aussi mystérieuse que la nuit sur ces contrées vierges traversait son âme. Intense était son désir que la légende du vieil Indien fût véridique. Toute son âme s’en émouvait, s’y attachait, car, quoique homme d’action, plein de force pratique et de prévision, il était plus poète que ses compagnons d’exploration. Et il se répétait la légende vague et belle :

« Il y a des pays sous la terre… où coulent de longues rivières… où poussent des herbes et des bêtes pâles… des oiseaux aveugles et des vampires blancs… Quelquefois, il y court une lumière de lune… qui marche… qui s’éteint après un temps… puis tout est de nouveau dans les ténèbres… »

— Pourquoi la légende serait-elle menteuse ?