Page:Rosny - Les Profondeurs de Kyamo, 1896.djvu/38

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

début, nous voici dans de larges et belles eaux… à peine obstruées par intervalles…

— Profondes, abondantes… alors que là-bas, au confluent avec les Amazones, la rivière est considérable en vérité, mais pauvre en débit…

Celui qui venait de répondre dessinait une silhouette voûtée, aux bras longs, la tête chauve, luisante dans les reflets de la lune. Sa voix était obscure et brisée, faite pour chuchoter dans le silence des salles d’étude :

— Vous vous rappelez les paroles du vieillard ? fit le troisième. « La rivière vient des lacs qui sont au coucher du soleil… elle est d’abord plus vaste que la Mère des rivières… mais la terre la boit par trois grandes bouches… et à chaque fois l’eau diminue… »

La tête longue et fine, encore allongée par une barbe soyeuse, celui-là parlait puissamment, le geste fort, les yeux rapides, haut de stature et la poitrine profonde.

— Mais alors, fit l’homme voûté, nous avons déjà dû dépasser sans la voir une de ces grandes bouches qui boivent la rivières.

— Celle, sans doute, s’écria la tête longue, qui est invisible… mais la deuxième s’ouvre dans un rocher… c’est une caverne…