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LA
CONTRÉE PRODIGIEUSE
DES CAVERNES


À Ed. Picard.

I

Le bateau sillait dans la nuit sans nuages.

Sur l’immense rivière vierge il venait, à travers les forêts, une pâle lumière orangée, bleuie aux pénombres. Près du rivage, où s’avançait l’embarcation, les lueurs étaient tissées, tramées, tremblantes, tantôt en mares légères, tantôt en treillis féeriques ou en réseaux fins comme une cotte de mailles. Au loin, elle tombait avec une sérénité divine ; et les grandes eaux, d’abord comme teintes d’une vapeur phosphoreuse, lentement allaient vers un bleuissement d’acier