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fance cérébrale où un être fut élu parmi les êtres, pour prendre place au-dessus de toutes les bêtes.

Et ce rêve est plein de bonheur, plein de tendresse : il aime ces frères de notre précurseur préhistorique, il aime leur forte sauvagerie, leur fière lutte contre la mort de l’espèce ; il voudrait fervemment trouver quelque moyen de leur conserver les profondeurs de Kyamo contre l’envahissement des explorateurs, contre la rage conquistadore des Européens.

Il se perd dans ce songe ; la lune monte en se rapetissant à mesure que sa lumière augmente. Des bêtes se lamentent au fond des forêts ; les rumeurs du fleuve sont semblables à une vaste et intermittente respiration.

Et Alglave se sent envahir par une sérénité aussi calme, aussi délicate, aussi charmante que le tremblement des rayons parmi les feuilles des saules.