Page:Rosny - Les Profondeurs de Kyamo, 1896.djvu/291

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Elle ne mourra pas, elle !…

André la contemplait en silence. Il sentit la délicieuse volonté de l’enfant pénétrer en lui comme le soleil d’avril dans une forêt verdissante ; il dit à voix basse, interdit, pâle et frappé d’une grâce sacrée :

— Et toi, tu mourrais ?

— Je mourrais, dit l’enfant en relevant les yeux.

Il ne put en soutenir la pathétique séduction, et l’âme secouée dans ses profondeurs, il chuchota :

— Chère Lydie ! je n’en épouserai pas une autre.

Elle poussa un grand soupir de joie, cacha son visage dans la poitrine d’André ; le jeune homme, posant un long baiser sur les cheveux tièdes, sentit qu’il n’y avait rien eu d’aussi grave dans sa vie que l’amour de cette fillette, et qu’il l’épouserait aussi sûrement que la lumière de mai fleurissait les prairies.


FIN.