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L’arbre fut redressé, mais sans appareil, sans essai de leviers ou de lianes-cordes, par simple traction sur ses énorme : racines et par la vigueur indomptable des travailleurs. Ensuite, lentement, après l’avoir orienté, on le laissa tomber. Il tomba, il croula dans le fleuve. Il y eut une clameur rugissante, furieuse, puis un découragement morne, une douloureuse taciturnité.

Alors, Alglave s’avança.

Il s’avança vers le groupe de ceux qui venaient d’échouer dans leur tâche, et vers leur chef, celui que, depuis son séjour parmi les gorilles, il avait reconnu comme le plus intelligent.

D’un geste expressif il montra l’île, à trois reprises, puis il se montra lui-même, et il recommença ; il établit une coordination de gestes entre lui et l’île, il fit vaguement comprendre qu’il voulait faire quelque chose pour ceux de là-bas. Curieux, avec aussi quelque défiance, tous le regardaient. Il insista, puis il marcha vers un arbre tombé, il chercha une pierre pointue sur le rivage, il se mit en devoir de détacher des branches.

Il y eut, entre tous les gorilles, une série de conversations gesticulées, et l’impression qu’avait voulu faire naître Alglave se propagea : une vague espérance.