Page:Rosny - Les Profondeurs de Kyamo, 1896.djvu/279

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la direction d’une aînée de dix-huit ans. Elles provoquaient au vice ; elles rôdaient dans les endroits déserts ; elles étaient, hélas ! affreusement instruites. Notre homme y a été pris : il a succombé, il a récidivé, sans pourtant avoir été initiateur dans aucune circonstance. Les débats ont mis tout cela au grand jour, et il faut dire que le scandale n’a pas été provoqué par les petites victimes, mais par une confidente indignée de la jeune directrice. On n’a pu prendre sur le fait que notre bourgeois, encore qu’il y ait eu bien d’autres coupables. À l’audience, le malheureux a été lamentable ; il m’a remué le cœur, et j’estime pourtant sa punition juste, surtout à cause de la récidive. Sept ans ! Il était effondré, bouilli de larmes ; il joignait les mains en demandant pardon. Et je pensais à la formidable tentation que j’ai eu à subir, il y a dix ans, à l’exécrable tentation que j’ai su vaincre, Dieu merci !

II

Je n’étais point riche alors, humble rouage des ponts et chaussées, établi dans la minuscule ville de C… J’habitais chez de braves gens, au bout