Page:Rosny - Les Profondeurs de Kyamo, 1896.djvu/275

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et lui dit, avec cette âpreté à la Bonaparte :

— Votre femme se meurt d’un mal nerveux qui n’intéresse aucun organe en particulier, — et ce qu’il y a d’extraordinaire, c’est que ce n’est pas un chagrin qui la consume, mais le trop grand bonheur !

À ces mots, Maurice se sentit défaillir : en un éclair, se vit l’unique cause de la mort de Julienne.

— Que faut-il faire, dit-il d’une voix soumise…

Charcot le regarda en face, de l’air impérieux, presque brutal, dont il inspirait confiance aux êtres :

— Votre femme est morte… Je ne puis répondre de rien… Mais, du moins, puis-je donner un espoir : faites-la souffrir.

— Souffrir ! fit Maurice avec terreur. La faire souffrir, elle !

— Oui, reprit nettement l’autre… C’est le seul espoir, — rendez-la jalouse.

Et il se retira sans vouloir ajouter un mot.

V

Deux heures plus tard, Maurice se trouvait dans une chambre voisine de celle où séjour-