Page:Rosny - Les Profondeurs de Kyamo, 1896.djvu/273

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle parut d’abord indifférente aux admirations, réfugiée dans une mélancolie fauve, le regard détourné. Tout soudain, elle fit son choix, — elle sembla reconnaître quelqu’un en élisant Maurice Brévane.

Elle le voulut avec une ardeur invincible qui vainquit parents et amis ; en moins de trois mois, elle devint la femme de Maurice.

II

Après son mariage, elle eut une physionomie extraordinaire. Sa beauté resplendissait comme une pierre de rubis, et l’on sentait, à la voir sourire, qu’un bonheur violent était dans elle, une joie de vivre presque effrayante. Au moindre geste de Maurice, elle devenait pâle, — mais cependant se contenait. Elle parlait peu, en public, à son mari, craintive sans doute, prise de cette peur instinctive qui nous fait conjurer le mauvais sort dans les moments trop heureux et que les fillettes sensitives connaissent mieux encore que les femmes faites.